J-1 : Flèche Wallone Infos
20 avril 2021 - 17:45
À la veille de la 85e édition de la Flèche Wallonne, les favoris s’avancent vers le défi du Mur de Huy avec appétit mais aussi avec prudence. Le tenant du titre Marc Hirschi se présente dans une équipe où les ambitions seront partagées avec le vainqueur du Tour de France Tadej Pogacar, tandis que Primoz Roglic découvre cette année le Chemin des Chapelles.
Le millésime 2021 voit aussi le retour de deux grands absents en septembre dernier. Le champion du monde Julian Alaphilippe et l’Espagnol Alejandro Valverde, quintuple vainqueur de la Flèche, ont fait leurs preuves et sont devenus les spécialistes du Mur de Huy.
Pour la Flèche Wallonne Femmes, qui a été dessinée sur 130 kilomètres cette année, la championne du monde sera elle aussi particulièrement observée : Anna Van der Breggen a gagné à six reprises à Huy.
JEAN-MICHEL MONIN : « UNE COURSE NERVEUSE PAR TRADITION »
Il est assez inhabituel de réunir un peloton cycliste dans une arène habituellement réservée aux basketteurs. Mais c’est bien du Dôme de Charleroi, où sévissent les joueurs du Spirou Basket, que partiront les coureurs de la Flèche Wallonne cette année. La capitale de la bande-dessinée a accueilli la course sans interruption de 1998 à 2012, et ces retrouvailles donnent une tonalité légèrement différente au parcours, comme l’explique le responsable de l’épreuve Jean-Michel Monin. « L’approche de Huy est modifiée, donc nous abordons le final en empruntant une zone où se trouvent de très nombreuses côtes très sèches sur des routes étroites, vraiment typiques de la Flèche Wallonne. Par exemple, avant de pénétrer dans le circuit, il y aura un enchaînement très dense de quatre côtes, dont celle de Gives que les coureurs ne connaissent pas et qui impose un effort violent, avec les 350 derniers mètres à 14 % de pente ». Située à 78 kilomètres de l’arrivée, ce « raidard » ne devrait pas servir de tremplin pour une attaque décisive, mais cette séquence de toboggans pourrait participer à la sélection, selon Monin : « la Flèche Wallonne est une course nerveuse par tradition et il se trouve que les portions exposées du début de course rajouteront à ce climat de tension. Surtout, la problématique du placement sera majeure dès l’enchaînement des côtes autour d’Andenne. Tous les leaders devront être à l’avant pour éviter les problèmes ».
JULIAN ALAPHILIPPE : « LES JAMBES PARLERONT »
Il n’a jamais commis de faux-pas sur la Flèche Wallonne. En quatre participations à l’épreuve, le puncheur français n’a été battu que par Alejandro Valverde, en 2015 et 2016, puis s’est ensuite imposé en 2018 et 2019. Cette fois-ci, c’est avec le maillot de champion du monde sur les épaules qu’il se présente pour un retour attendu sur le Mur de ses premiers exploits, mais ne se regarde pas pour autant comme le maître des lieux : « Je suis déterminé à tout donner et je me sens en bonne condition. Je ne suis pas dans la même forme que lors de ma dernière victoire à la Flèche parce que j’ai fait la campagne des flandriennes. Mais sur le papier, c’est une course qui me convient très bien, j’ai toujours été sur le podium. Le scénario idéal, ce serait que Mauri Vansevenant et moi, on soit devant pour aborder l’ascension finale. Ensuite, sur une montée aussi dure, les jambes parleront ».
HIRSCHI, POGI, ULISSI… TEAM EMIRATES AU CENTRE DU JEU
Le dossard numéro 1 sera porté par Marc Hirschi, vainqueur avec le maillot de Sunweb en septembre dernier mais passé sous pavillon Emirati, dans une formation où il sera épaulé par des équipiers de tout premier rang, comme l’explique son directeur sportif Andrej Hauptman. « Si l’on considère qu’en plus de Marc, Diego Ulissi a déjà terminé sur le podium en 2019 et Tadej Pogacar se sent très bien aussi, nous avons bien plus qu’un leader. Nous verrons qui se sent le mieux pendant la course et nous déciderons pour qui il faudra rouler ». Le vainqueur du Tour de France 2020 a plus récemment remporté Tirreno-Adriatico et a fini 3e du Tour du Pays Basque sur lequel il a remporté une étape, et devrait aborder en confiance la Flèche Wallonne.
ALEJANDRO VALVERDE : « J’AI LES JAMBES DE MES 30 ANS »
Quatre anciens vainqueurs sont présents au départ, mais parmi eux, Alejandro Valverde a inscrit pour la première fois son nom au palmarès en 2006. L’Espagnol n’avait pas prévu initialement de participer à la Flèche Wallonne, mais son état de forme actuel l’a incité à se présenter pour tenter d’aller décrocher un 6e titre au sommet du Mur de Huy. Après sa victoire sur le GP Indurain et surtout sa 5e place sur l’Amstel Gold Race, l’ancien champion du monde a confié ses sensations à l’occasion du premier podcast de La Vuelta, dont il était hier l’invité d’honneur : « Je vais avoir 41 ans dimanche mais ça ressemble à un mensonge, je n’ai pas du tout cette impression. L’année dernière, j’avais perdu mon coup de pédale, mais maintenant il est de retour. J’ai les jambes de mes 30 ans et je suis motivé pour me donner à 100 % sur la Flèche Wallonne comme sur Liège-Bastogne-Liège ».
BENOÎT COSNEFROY : « AVEC BEAUCOUP D’AMBITION ET D’ENVIE »
Dans le final de l’édition 2020, Benoît Cosnefroy avait été le dernier à résister à l’assaut de Marc Hirschi, terminant même en 2e position derrière le jeune Suisse au sommet du Mur de Huy. S’il peine à se débarrasser des douleurs au dos et au genou qui ont perturbé sa première partie de saison, le coureur d’AG2R-Citroën reste un outsider à surveiller sur la Flèche, qu’il considère comme une échéance majeure de son année : « C’est une course dans laquelle je me sens vraiment bien. On sait comment cela va se passer et j’aime cet effort final à produire pendant deux minutes dans le Mur de Huy. Mais je n’ai pas de certitudes sur mon niveau actuel, ma préparation n’a pas été idéale ». Malgré une condition physique en point d’interrogation, le puncheur normand a pu aller chercher une 8e place la semaine dernière sur la Flèche Brabançonne et a profité de l’intervalle pour privilégier les soins : « J’avais déjà prévu de faire l’impasse sur l’Amstel Gold Race, ce qui m’a permis de travailler à la maison, où j’ai tous mes repères, avec mon kiné, mon ostéopathe. Je serai de toute façon au départ avec beaucoup d’ambition et d’envie, je sais que mes coéquipiers vont m’amener au Mur dans les meilleures conditions et ensuite, je vais tout donner ».
UNE DERNIÈRE FLÈCHE POUR VAN DER BREGGEN
Déjà victorieuse à six reprises de la Flèche Wallonne, la championne du monde Anna Van der Breggen a prévu de mettre un terme à sa carrière à la fin de la saison et s’attaque donc pour la dernière fois au défi du Mur de Huy, qu’elle maîtrise mieux que personne. Bien qu’elle reste l’une des grandes favorites de la 24e édition, la Néerlandaise a été malade et s’est contentée de se mettre sur l’Amstel Gold Race au service de sa jeune coéquipière Demi Vollering, qui avait terminé 3e de la Flèche l’année dernière et pourrait elle aussi porter les espoirs de la formation SD Worx. « J’espère que je serai dans un bon jour, explique la tenante du titre, mais je ne saurai qu’au pied du Mur si je me sens assez bien pour gagner. Si ce n’est pas le cas, j’ai des coéquipières qui peuvent gagner, on n’a jamais été aussi fortes ». Marianne Vos, qui s’est précisément imposée dimanche dernier dans le Limbourg, a quant à elle dompté le Mur de Huy cinq fois entre 2007 et 2013 et semble tout à fait apte à égaler VDB au palmarès. Mais plusieurs candidates ayant déjà fréquenté le podium peuvent aussi contrer les deux grandes dames de Huy, comme Liz Deignan, Elisa Longo Borghini, Kasia Niewiadoma ou Cecilie Ludwig.